De nombreux genres et décors de jeux vidéo ont été proclamés morts au fil des années. Certains ont été réanimés, d’autres se sont auto-ressuscités, et quelques-uns sont sortis de leur hibernation. Aucun n’a disparu pour toujours car les goûts oubliés reviennent tôt ou tard à la mode. Les stratégies en temps réel sont les victimes actuelles des tendances changeantes. Même si elles semblent aujourd’hui assez proches de la Vraie Mort, on peut observer quelques soubresauts.
L’un de ces faibles soubresauts est Homeworld 3.
Cette dernière entrée dans une série vieille d’un quart de siècle tente de se tailler une place en ayant un meilleur look que ses glorieux pères, tout en ignorant l’innovation qui a rendu l’original inoubliable. Je suppose que cela pourrait suffire pour la partie des anciens fans et du public RTS qui souffre d’une sécheresse importante dans ce genre. Mais l’impression durable est une autre histoire. Pour ma part, je peux attester que tout a commencé à s’estomper après trois jours. Au lieu d’une suite pour les âges, les nouveaux propriétaires de la IP Homeworld ont créé un sirop de stratégie spatiale compétent mais à dissolution rapide.
Les Karans de l’espace
Se déroulant environ cent ans après Homeworld 2, le jeu vous donne pour tâche de résoudre l’anomalie qui menace les voyages dans l’hyperespace. Homeworld 3 fait un travail assez maladroit pour planter le décor, car l’intro, intitulée “Histoire de Homeworld”, doit être lancée manuellement depuis le menu principal. Ayant joué aux deux jeux principaux, un spin-off et un préquel (Cataclysm et Deserts of Kharak), ainsi qu’aux derniers remasters, j’étais familier avec son histoire et j’ai consciemment ignoré la vidéo qui expliquait également la nature de la dernière menace. J’étais dans le noir pendant un moment, m’attendant à ce que le jeu clarifie naturellement les choses. Et il l’a fait, mais maladroitement.
L’histoire, malheureusement, n’a jamais atteint de sommets discernables. En jouant en tant qu’Imogen S’Jet, la jeune navigatrice hiigaran interfacée avec un vaisseau-mère Khar-Kushan, vous récupérerez les pièces de l’expédition précédente, qui a disparu lors d’une mission de recherche de faits sur l’anomalie menaçant l’hyperespace. Vous passerez la majeure partie du jeu à rechercher la légendaire Karan S’Jet qui a mené cette mission, apprenant davantage sur la mystérieuse reine obsédée par l’acquisition des précieux cœurs de l’hyperespace et devenant plus puissante que quiconque ne peut l’imaginer. Cette Thanos wannabe encapuchonnée ne se donne jamais la peine de s’expliquer, et les raisons de sa fureur et de son animosité restent obscures. Imogen et Karan ne sont guère mieux. La jeune navigatrice se contentera de faire des grimaces douloureuses dans les cinématiques, et Karan S’Jet agit et parle comme si elle était défoncée aux barbituriques. Écriture négligée, caractérisation amateure et jeu d’acteur bizarre tout autour.
Astéroïdes, planétoïdes, stations spatiales…
Homeworld 3 est resté fidèle aux jeux précédents, offrant le choix entre un nouveau schéma de contrôle légèrement modifié et l’original. La seule vraie innovation vient du terrain spatial. D’énormes astéroïdes, des surfaces de planétoïdes, de grandes stations spatiales et d’autres objets représentent la principale différence par rapport à l’univers (en grande partie) vide des deux premiers jeux. En solo, ces obstacles ne servent qu’à exposer des textures super détaillées qui communiquent quelque chose comme “Regardez-nous, nous sommes les visuels modernes OMG !”. Le jeu vous pousse occasionnellement à exploiter des tunnels et des crevasses à des fins tactiques, mais cela ne vaut pas vraiment la peine. Je suppose que vous pouvez bénéficier d’un abri en multijoueur PvP, mais chaque fois que je perdais un match, c’était parce que mon adversaire avait une force mieux optimisée et utilisait plus intelligemment les capacités spéciales. J’aurais pu faire passer ma flotte par derrière et me faire détruire tout aussi facilement.
Votre sélection de vaisseaux est assez similaire à l’ancienne, maintenant avec des navires un peu plus spécialisés et des limites de types. Il n’y a pas de merveilles toutes-puissantes à spam dans Homeworld 3, vous êtes donc toujours forcé d’utiliser une flotte diverse. Le succès dépend également des capacités spéciales, comme l’aptitude de rafale des corvettes à rail gun, qui offrent des bonus de dégâts massifs, ou des avantages d’utilité comme l’aura de dégâts du croiseur de bataille qui affecte les navires à proximité. Les surfaces plates sont utiles pour placer des tourelles défensives, vous n’avez donc pas besoin de lier vos forces mobiles à la défense du vaisseau-mère. Vous garez juste la grosse fille près du mur et lui faites un lit de canons automatiques et de lanceurs de torpilles.
War Games pour la victoire
La meilleure partie de Homeworld 3 est le mode War Games. C’est un mode rogue-lite généré procéduralement, en coop ou solo, avec une séquence aléatoire de niveaux et d’améliorations, avec une méta-progression par-dessus le tout. Si vous avez joué à No Return, le mode roguelike remasterisé de The Last of Us II, vous savez comment ça fonctionne, à la forme près. Vous commencez chaque match avec un transporteur et une force très limitée et basique. Pour obtenir plus d’options et d’améliorations pour les types existants, vous devez remplir les objectifs de la mission. La réussite repose en partie sur la chance et, dans le cas du jeu coopératif, sur le niveau de coordination entre les joueurs. Comme le solo se termine en 7 ou 8 heures, je soupçonne que la plupart des gens finiront par se retrouver dans War Games. Il y a aussi le multijoueur PvP classique, où vous pouvez vous entraîner avec des bots avant d’affronter de vraies personnes.
Homeworld 3 est une ombre assez compétente de son grand géniteur de 1999. C’est également plus faible que n’importe quelle de ses suites, y compris le préquel terrestre de 2016, Homeworld: Deserts of Kharak. Il a un superbe look, et même la contagion Denuvo ne semble pas affecter les performances de manière notable. Malheureusement, il n’a aucun caractère au-delà d’un masque superficiel et mince. Ce n’est pas une suite pour les âges. Vous terminerez la campagne pour les vieux souvenirs, et vous vous amuserez peut-être un peu avec War Games ou le multijoueur pendant quelques jours, mais ce sera tout.
